Par Estelle Doudet
« Des histoires tant que la pandémie durera » : le sous-titre du site Décaméra[1] en est aussi le programme. Pendant l’épidémie, il faut parler pour pallier la distanciation sociale ; il faut imaginer pour soulager un quotidien travaillé par les peurs. En des temps incertains, la littérature donne la pleine mesure de sa puissance de réenchantement. Mais après ?
Comment parler et que dire après une catastrophe ? Il a souvent été suggéré que les arts et la littérature atteignent leurs limites lorsqu’ils sont confrontés à l’irreprésentable que constitue un crime contre l’humanité, génocide ou acte de terrorisme. Face à cet indicible, la création fictionnelle devrait céder la place à d’autres formes de discours, l’enquête historienne, le témoignage judiciaire, la méditation philosophique. « Écrire un poème après Auschwitz est barbare » affirmait péremptoirement Theodor Adorno en 1949[2]. Mais si elle est explicable par un contexte qui n’a que peu à voir avec la situation actuelle, pareille déclaration évacue à peu de frais le rôle que peut jouer la littérature dans la reconfiguration de ce qui vient après un bouleversement majeur tel qu’une pandémie. Comment les poétiques littéraires nous aideront-elles à penser les retombées culturelles d’une crise sanitaire comme celle que nous vivons aujourd’hui ? Comment les écrivain·e·s et les lecteurs/rices évalueront-ils leurs relations dans un nouveau présent ? Les arts de l’écriture contribueront-ils à façonner le système de représentations qui sera dominant dans les temps de l’après ? En ce printemps 2020, il est encore trop tôt pour trouver des réponses à ces questions, mais le processus de réflexion est d’évidence déjà en cours. Or il prend souvent le biais d’un dialogue entre les littératures d’hier et celles d’aujourd’hui, dialogue dont cette contribution souhaiterait éclairer quelques aspects.
Boccace, et après ?
Durant ces dernières semaines ont fleuri en ligne des contes, des poèmes, des textes réflexifs publiés par des écrivain·e·s professionnel·le·s ou non, dont beaucoup prennent pour modèles des chefs-d’œuvre composés pendant de graves épidémies. Le Decameron de Boccace a été particulièrement plébiscité[3]. Il s’agit en effet d’une œuvre canonique de la littérature européenne, rédigée à Florence en 1348, en plein pic de la Grande Peste[4]. Mais le Decameron ne fait pas que témoigner d’une crise sanitaire dont l’évocation domine ses premières pages. Il invente aussi un genre nouveau, le recueil de nouvelles. Les récits tragiques ou facétieux s’y déploient dans un cadre narratif qui articule effet de réel et effet de fiction : réfugiée dans une campagne verdoyante, une petite communauté choisie passerait le temps en s’échangeant les contes que nous lisons. Dans le Decameron, les voix de femmes et d’hommes se croisent, les corps se frôlent, et l’angoisse s’apaise devant la fête amoureuse et la passion des belles histoires.
Si on peut voir dans le Decameron le chef-d’œuvre d’une littérature qui fait face au temps suspendu d’un pic épidémique en se projetant out of the world[5], il est intéressant de constater que d’autres textes, rédigés par des auteurs de langue française à la même époque, ont pris le parti de penser l’après de la peste, en réfléchissant notamment aux possibles conséquences de l’épidémie sur la culture littéraire elle-même. Composant en 1349 Le Jugement du roi de Navarre, Guillaume de Machaut y a livré, comme Boccace, une description de la pandémie saisie par le regard d’un témoin impliqué :
En l’an 1349, le neuvième jour de novembre, je me promenais dans ma chambre ; si l’air avait été clair et pur, je serais allé ailleurs. Mais il était si obscur que les montagnes et les plaines étaient couvertes de bruine. C’est la raison pour laquelle je me tenais à l’abri, car tout ce qui d’habitude était vert avait changé de couleur ; la bise avait tout décoloré, elle qui a coupé maintes fleurs par la froideur de son épée. J’étais donc en proie à la mélancolie, tout seul dans ma chambre, et je pensais à la manière dont le monde semble partout gouverné comme par des conseils d’ivrogne[6].
La date choisie par Machaut n’est pas anodine. Elle suggère le problème d’une contagion de longue durée qui, en 1349, a désorganisé les sociétés européennes depuis deux longues années : activités urbaines suspendues, fiefs en déshérence, cultures et bétail à l’abandon, autant de désordres renforcés par l’arrivée de la mauvaise saison. L’automne décrit n’est donc pas une saison comme une autre. La bruine noirâtre qui recouvre le paysage est porteuse des miasmes de la maladie, renforçant l’association traditionnelle du mois de novembre et du temps des morts. L’hiver vient mais c’est un hiver artificiel, fruit d’une catastrophe écologique. Son ampleur – air vicié, plantes fanées, eaux polluées[7] – ne peut s’expliquer, selon les intellectuels du temps, que par les fautes des hommes, l’orgueil et la désobéissance à Dieu. Surtout, par le biais de l’autoportrait de Machaut, le paysage ravagé suggère métaphoriquement qu’un autre bouleversement est en cours, celui de la littérature elle-même. Plus de vergers verdoyants où se rencontrent des amoureux ; plus de forêts profondes où errent les chevaliers ; plus de chants d’oiseaux, inspirateurs des poètes. Le ciel, bas et lourd, pèse comme un couvercle. Les oiseaux sont morts ou en cage. Renonçant aux promenades, l’auteur reste confiné « dans sa chambre » pendant longtemps, très longtemps.
Winter is coming : nouveaux portraits d’écrivains
Même si la suite du texte montre la contagion se tarir et Machaut retrouver un groupe de nobles lecteurs et lectrices pour débattre de questions amoureuses, l’introduction du Jugement du roi de Navarre propose une méditation saisissante sur les interactions entre épidémie, désastre écologique et social, et révolution littéraire. Car l’une des premières conséquences de la Grande Peste, nous disent ces lignes, est d’avoir provoqué une mutation dans la manière dont les auteurs en français se sont pensés. Privé du printemps éternel où troubadours et trouvères des XIIe-XIIIe siècles puisaient traditionnellement leur inspiration, l’écrivain d’après 1348 s’est imaginé plongé dans un long automne. Dès lors, quels qu’aient été leurs âges réels, les faiseurs de textes ont pris le parti de se présenter comme des êtres vieillissants, représentants d’une société elle-même vieillissante, peinant à se remettre des taux de mortalité explosifs atteints pendant et après l’épidémie. « Le froid et la mort saturent ma vieillesse,/ le temps s’en va sans faire croire qu’il va rester[8] » constate le poète Eustache Deschamps à la fin du XIVe siècle, tandis que peu après, Pierre de Nesson s’inquiète de la banalité de son déclin accéléré : « Je vois que je deviens vieux/ en si peu de temps que cela ne semble rien[9] ».
Le souffle court, la toux qui caractérisent les malades ont redessiné les portraits des poètes, littéralement désenchantés à cause de la perte du souffle vital reçu de Nature et de Dieu. Après Machaut, l’un des derniers poètes-musiciens de la littérature française, s’est en effet fragilisé le lien qui articulait musique et lyrisme. Plus que jamais auparavant, la littérature en français s’est alors repensée comme une écriture. Le nom d’escripvains est venu identifier les faiseurs de textes. Au lieu de se montrer composant des vers au rythme de l’amble de leur cheval, à la manière d’un Guillaume d’Aquitaine au début du XIIe siècle, les écrivains d’après la Grande Peste sont campés installés au bureau, mot promis à un bel avenir et qui désigne, en moyen français, la toile dont étaient recouvertes les tables servant notamment aux opérations comptables. Cette posture identificatoire, qui rapproche celui qui rédige un texte de celui qui tient le compte d’une expérience de vie, s’est imposée en quelques décennies. En 1371, le Chevalier de la Tour Landry dit avoir abandonné la poésie d’amour destinée à séduire les femmes, qu’il avait pratiquée pendant sa jeunesse. Il y a substitué la composition de livres éducatifs pour ses filles :
Je ferai pour elles un petit livre afin qu’elles apprennent à lire en français et qu’elles puissent étudier et percevoir le bien et le mal du temps passé et pour qu’elles se méfient du temps à venir[10].
Trente ans après, au début du XVe siècle, c’est une femme, Christine de Pizan, que l’on retrouve plume à la main, feuilletant les livres de sa bibliothèque, dans la position désormais classique de l’escripvain(e) :
Un jour sans joie, je m’étais retirée dans une petite étude où souvent je me plais à regarder des textes parlant de sujets divers. Je parcourus un livre ou deux[11]…
Melancholia 1 : changer les œuvres, repenser le temps
Les conséquences à long terme de la pandémie ont été aussi sensibles dans les thématiques des œuvres composées dans la seconde moitié du XIVe siècle et au XVe siècle. Dès 1349, au seuil du Jugement du roi de Navarre, Machaut se montre réfléchissant sombrement au mauvais gouvernement des hommes qui a conduit à la catastrophe. De fait, la mélancolie, l’humeur noire, est vite devenue la principale couleur des œuvres du temps d’après. Elle a été au XIVe puis au XVe siècle une maladie-époque, comme elle le sera de nouveau après les traumatismes des révolutions et des guerres napoléoniennes au début du XIXe siècle. « C’est en elle que je trempe mon encre pour étudier[12] » écrit encore Charles d’Orléans vers 1450.
La mélancolie a notamment joué un rôle-moteur dans les nouvelles pensées du temps dont témoignent les œuvres. Au contraire de la nostalgie, qui rêve de la résurrection d’un passé aussi lointain que glorieux – un positionnement promu par les lettrés italiens à l’égard de l’Antiquité –, la mélancolie est un rapport au temps présent, mais un présent hanté par le deuil et par la difficulté à se projeter vers des lendemains qui chantent. Pendant au moins un siècle après la Grande Peste, la mort semble s’être glissée partout dans les textes littéraires en français. Les dames dont on chantait les grâces y apparaissent mortes et enterrées. Les amants qui se promenaient dans les jardins y sont devenus des survivants visitant des cimetières : « nous nous sommes tant promenés en observant ce triste cimetière[13] » note l’un des personnages du Champion des dames, un texte que Martin Le Franc composa en 1440, peu de temps avant son élévation au rang de prévôt de Lausanne.
Communiquer à distance : livres et lectorats
Une telle révolution a enfin transformé la relation nouée entre les écrivains et leurs lectorats. L’après-pandémie a suscité un indéniable désir de communication, voire d’engagement civique, beaucoup d’auteurs se présentant comme de véritables influenceurs, bien décidés à réformer les mœurs de leurs concitoyens. Mais les lecteurs, les lectrices que ces écrivains attendaient, la distanciation sociale expérimentée pendant l’épidémie les avait, réellement ou symboliquement, éloignés d’eux. La co-présence du compositeur et de son auditeur, schéma de communication classique des anciennes littératures en français, n’était donc plus imaginable de la même manière. De là, la valorisation de formes d’écritures intégrant dans leur fonctionnement l’éloignement supposé de leurs récepteurs. Cela a été particulièrement le cas du genre épistolaire, qui a rayonné en poésie, dans les textes argumentatifs et dans les fictions narratives ; ainsi du roman épistolaire, dont l’un des premiers chefs-d’œuvre en français est le Voir dit de Guillaume de Machaut vers 1364.
Les supports matériels de l’écriture ont également été repensés. Si la plupart des auteurs français des XIVe et XVe siècles rêvent toujours de susurrer à l’oreille des princes ou de charmer celles des dames, ils savent que c’est par l’objet-livre que passe désormais l’essentiel de la communication littéraire. Beaucoup d’entre eux ont donc investi cet objet avec le plus grand soin, contrôlant la fabrication des copies manuscrites de leurs textes, voire confectionnant eux-mêmes leurs livres, comme le fait Christine de Pizan au début du XVe siècle.
Reste que le livre, une fois lancé vers ses lecteurs et lectrices, devait parfois parcourir une longue distance pour arriver entre leurs mains. Auteur jouissant de la faveur des ducs de Savoie, Martin Le Franc n’eut pas le même succès auprès des ducs de Bourgogne ; inquiet d’être sans nouvelles de la réception de son Champion des dames, il rédigea une Complainte où il met en scène son malheureux ouvrage. Celui-ci y révèle à son auteur qu’il a été confiné dans la bibliothèque princière sans même être lu :
Il m’a fallu demeurer tout seul dans une cage, tout poilu de mousse et de poussière comme une vieille planche qu’on ne remue pas[14].
Comme leurs auteurs, les livres ont donc été symboliquement confrontés au double risque de l’enfermement et de la perte de contact. Ces deux périls, qui ont joué un rôle important dans les systèmes de représentation français d’après la Grande Peste, retrouveront une nouvelle urgence au moment, tout proche, du développement de l’imprimerie. La mécanisation et les impératifs économiques liés à cette nouvelle technologie de diffusion n’allaient-ils pas virtualiser encore davantage la relation entre les rédacteurs et les récepteurs des œuvres littéraires ?
Au moment de son pic, que nous espérons aujourd’hui passé, la pandémie de 2020 a déclenché de par le monde un vaste mouvement de création et de circulation de textes littéraires. Comme au temps du Decameron de Boccace, modèle fréquemment revendiqué par les rédacteurs et les diffuseurs de ces œuvres, il s’agissait alors, semble-t-il, de donner à la parole littéraire la force de résistance qui lui est souvent attribuée en temps de crise : lutter contre l’attente et l’ennui ; jouer le mouvement imaginaire contre le confinement social ; explorer les territoires partagés de la fiction et de l’art des mots.
Il est à parier qu’arrivés maintenant au seuil de l’après-pandémie, les acteurs du monde littéraire, des écrivains aux lecteurs et lectrices, ont déjà commencé à penser les éventuels changement survenus et à venir dans le « faire littérature[15] ». Là encore, les exemples de telles réflexions ne manquent pas, en témoigne la révolution engagée dans les imaginaires et les pratiques de la littérature en français dans les décennies qui suivirent la Grande Peste de 1348. Certes, cette ligne de fuite peut paraître lointaine et l’exemple trop mal connu pour être porteur de sens aujourd’hui ; cette brève enquête n’a d’ailleurs postulé aucune analogie explicative entre cette époque et la nôtre. On pourra néanmoins remarquer que cet héritage oublié demeure bien plus vivant qu’on ne le croit. Qui aujourd’hui n’associe pas à « l’automne du Moyen Âge[16] » que seraient les XIVe et XVe siècles français les images de contagion incontrôlée, de société vieillissante, de temps d’obscurité et de mélancolie ? Qui ne voit pas dans l’utopie verdoyante et les contes séducteurs du Decameron une expression de la Renaissance italienne ? Il s’agit pourtant d’images et de textes élaborés à la même époque.
En réalité, en France et en Italie, sans parler d’autres pays européens, l’après-Grande Peste a eu pour effet de donner naissance à des systèmes de représentation contrastés et très puissants. La pandémie et son potentiel impact (ou non-impact) y ont été appréhendés différemment. Se sont forgées des conceptions divergentes des temporalités historiques et des sociétés qui succèderaient à la crise. Se sont aussi construits des imaginaires spécifiques de ce que pourrait être et de ce que pourrait faire désormais la littérature. Observerons-nous des phénomènes comparables, à une échelle mondialisée, à la sortie de l’actuelle pandémie ? À riche passé, avenir ouvert.
[1] https://decamera.lepodcast.fr/.
[2] Theodor Adorno, Critique de la culture et de la société, trad. Geneviève Rochlitz et Rainer Rochlitz, Paris, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2010.
[3] Voir notamment en français le blog Décamérez, par Nathalie Koble, qui traduit et adapte des contes du Decameron : https://www.en-attendant-nadeau.fr/2020/05/06/decamerez-51-rendez-vous/
[4] De 1347 à 1353, l’épidémie emporta environ vingt-cinq millions de personnes, vidant l’Europe d’un tiers de sa population.
[5] Charles Baudelaire, Petits poèmes en prose, « Anywhere out of the world » (1869).
[6] Traduction de Jacqueline Cerquiglini-Toulet, Tracts de crise n°58 (25 avril 2020), Paris, Gallimard, 2020, p. 1. Texte original : « L’an mil trois cent nuef et quarante/ le novisme jour de novembre,/ m’en aloie par mi ma chambre./ Et si l’air fust clers et purs/ je fusse ailleurs ; mais si obscurs/ estoit, que montaignes et plains/ estoient de bruine pleins./ Pour ce me tenoit à couvert./ Car ce qu’estre soloit tout vert/ estoit mué en autre teint./ Si que la merencolioie/ tous seuls en ma chambre et pensoie/ comment par conseil de taverne/ li mondes par tout se gouverne. » Guillaume de Machaut, Le Jugement du roi de Navarre, dans Œuvres de Guillaume de Machaut, éd. Ernest Hoepffner, Paris, Firmin Didot pour la Société des anciens textes français, t. 1, 1908, v.16-26.
[7] La rumeur voulait que la peste ait été aggravée volontairement par l’empoisonnement de certaines sources d’eau, crime dont furent accusées les communautés juives.
[8] « Car froit et mort en ma viellesce habonde/ Le temps s’en va sanz cuidier remanoir », Eustache Deschamps, Œuvres, éd. Marquis de Queux de Saint-Hilaire et Gaston Raynaud, Paris, Firmin Didot, 1878-1903, t. II, ballade CCXCVII, v. 27-30.
[9] « Car je voy que je deviens vieulx/ En si briez jours que ce n’est riens » Pierre de Nesson, Les Vigiles des morts, éd. Alain Collet, Paris, Champion, 2002, I, v. 1-6.
[10] « Je leur feroye un livret pour apprendre à roumancer, affin que elles peussent apprendre et estudier, et veoir et le bien et le mal qui passé est, pour elles garder de cellui temps qui a venir est. » Le Livre du Chevalier de la Tour Landry pour l’enseignement de ses filles, éd. A. de Montaiglon, Paris, 1854, p. 3-4.
[11] « Un jour de joie remise/ je m’estoie a par moy mise/ en une estude petite,/ ou souvent je me delite/ à regarder escriptures/ de diverses aventures./ Si cerchay un livre ou .ii. », Christine de Pizan, Le Chemin de longue étude, éd. et trad. Andrea Tarnowski, Paris, Librairie générale française, « Le Livre de poche », 2000, p. 96, v. 171-177.
[12] « D’elle trempe mon ancre d’estudie » Charles d’Orléans, Ballades et rondeaux, éd. Jean-Claude Mühlethaler, Paris, Librairie générale française, « Livre de poche », 1992, p. 406, rondeau 29.
[13] « Tant alasmes en regardant/ celuy cymetiere piteux », Martin Le Franc, Le champion des dames, éd. Robert Deschaux, Paris, Champion 1999, II, v. 1361-1362.
[14] « Tant a l’en fait qu’il m’a falu/ demourer seulet en la mue/ de mousse et de pouldre velu/ comme ung viez aiz qu’on ne remue », Martin Le Franc, La Complainte du Champion des dames à maistre Martin Le Franc son acteur, éd. Gaston Paris, « Un poème inédit de Martin le Franc », Romania n°16, 1887, p. 383-437, v. 145-148.
[15] Faire littérature, usages et pratiques du littéraire (XIXe-XXIe s.), Lausanne, Archipel, 2018.
[16] Cette qualification, traduite en français par « déclin du Moyen Âge », puis « automne du Moyen Âge » a été proposée par Johan Huizinga dans son ouvrage pionnier Herfsttij der Middeleeuwen, publié en néerlandais en 1919, à un autre moment-charnière de la culture européenne.
Estelle Doudet est professeure ordinaire en littérature française (XIVe-XVIe s.) à la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne et membre de l’Institut universitaire de France. Elle s’intéresse notamment aux relations entre les poétiques littéraires, les pratiques de la communication publique et les représentations du temps présent au tournant du Moyen Âge et de la Renaissance.